LE TOUCHER HAPTIQUE
Le concept de Facilitation Neuromusculaire Proprioceptive est une approche développer et théoriser par Kabat-Knott-Voss. Elle est bien connue en rééducation neurologique. Cette méthode est aussi pratiquée en orthopédie et en médecine du sport…
La facilitation utilise toutes les ressources neuromusculaires et proprioceptives au service de l’autonomie du sujet, c’est dans ce système que le sens Haptique joue son rôle fondamental de médiateur. Il s’agit d’un ensemble de techniques de facilitation neuromusculaire par stimulation ou inhibition de l’ensemble des récepteurs sensitifs du corps.
Dans cette approche, le système somatique est utilisé comme un mode de communication sensoriel pour utiliser les informations d’origine superficielle (la peau) et profonde (système squeletto-musculaire) pour stimuler et dialoguer avec le Système Neuromusculaire Central et Périphérique, pour obtenir une réponse motrice optimale et fonctionnelle chez la personne stimulée.
Les stimuli induits ont pour objectifs de faciliter, d’organiser chez le patient une chaîne musculaire, pour permettre une coordination et une régulation adaptée du tonus et du mouvement. Le docteur Herman Kabat, neurophysiologiste américain a développé des techniques qui mettent en jeu la globalité du corps et pas uniquement une articulation. Cette dynamique induite fait intervenir plusieurs éléments de la fonction motrice telles que, les réactions posturales, les réactions de protections liées aux variations du tonus.
Dans ce système le thérapeute guide et fait sentir le chemin psychomoteur. Il est lui-même en miroir dans le mouvement. Cette approche globale évolue avec les nouvelles découvertes dans le domaine de la neurophysiologie et de la neuroscience. Ce concept de Facilitation Neuromusculaire Proprioceptive, utilise les ressources du patient, ainsi que son potentiel physique et émotionnel. En agissant avec lui et en évitant les douleurs, le patient devient acteur de sa thérapie. La spécificité de ces techniques développées par Kabat est basée sur des stimuli qui irradient une chaîne musculaire avec une résistance bien dosé pour obtenir un travail d’un groupe musculaire recherché.
Le principe général de la facilitation consiste à induire des stimulations proprioceptives et extéroceptives pour solliciter un mouvement spécifique. Dans cette activité neuromusculaire c’est le thérapeute qui induit chez le patient des réactions contre résistances dans le but de solliciter le potentiel fonctionnel opérationnel du patient et les chaînes musculaires faibles ou à travailler.
Il est évident que pour pouvoir être dans une relation corporelle tonique et offrir au patient une communication sensorielle claire, il faut une évaluation complète sur les capacités et les défaillances psychomotrices de la personne qu’on va traiter. Faciliter une personne sans autonomie, comme un bébé ou une personne handicapée demande une présence et une qualité du toucher bien développé. Il ne s’agit pas uniquement des mains mais aussi de toute la corporalité du thérapeute.
Pour appliquer toutes ces techniques d’une manière optimal avec un bébé p.ex. Il va falloir connaître les chemins que prend naturellement le développement psychomoteur. L’axe corporel est la base de toutes les actions du corps, alors que les membres supérieurs et inférieures jouent leurs rôles de protections, de défenses et de balanciers.
Le concept des techniques de Facilitations utilise le mouvement à partir de pivots et d’axes, dans une direction bien définie. Le thérapeute agit en stimulant, en résistant ou en stabilisant. Il utilise également le stretching, la coaptation et la décoaptation. Toutes ces stimulations ou inhibition vise à optimaliser et dynamiser les ressources neuromusculaires du patient. Il existe de nombreuses approches qui utilise le toucher pour stimuler le corps, mais peu d’entre elle initie le mouvement dans les Facilitations avec le sens Haptique que nous allons développer dans cet exposé.
De quoi il s’agit :
Le toucher Haptique fait partie de nombreuses facultés Haptonomique développé par le Dr Frans Veldman. Il est spécifique et donne au toucher une dimension affective, un tact communiquant, un sens kinesthésique, un signifiant au geste.
Le mouvement induit par ce type de touché est un vrai dialogue durant toute la facilitation psychomotrice. Cette qualité du toucher et du sens haptique n’est pas très développer dans les prises en charges des bébés présentant une grande prématurité, car souvent le thérapeute induit d’une manière inconsciente par son toucher chez le patient dépendant, soit des réactions de résistance, de défense ou d’évitement, le contraire du désir de bouger.
Les Facilitations Neuromusculaires Proprioceptives utilisé par Kabat ainsi que dans la méthode Bobath sont bien connue dans la prise charge neuro-pédiatrique et d’une manière générale en rééducation fonctionnelle. Nous savons par notre expérience que le toucher est un média fondamental dans ce type de traitement des personnes à autonomie réduite. Pour que le sens Haptique du Toucher soit optimal, Il faut ajouter dans notre approche la notion de psychomotricité pour intégrer la dimension émotionnelle et affective du sujet traité.
Le Toucher Haptique a cette faculté d’analyser à travers le contact de la peau le mouvement ainsi que le positionnement du corps. Au sens strict, l’haptique englobe le toucher et les phénomènes kinesthésiques, c'est-à-dire la perception d’un objet dans l’espace. Dans notre pratique le sens haptique doit se développer pas pour manipuler un objet mais une personne interactive et sensible.
Pour induire, guider et organiser un schème de mouvements bien défini dans l'évolution naturel de l'être humain, le thérapeute utilise les facultés de son sens Haptique, c'est-à-dire qu’il ressent avec toute sa sensibilité tactilo kinesthésique. Le sens haptique ou Haptic.sens dépasse la stimulation, car il communique une information également sur l’état émotionnel réciproque. Ceci est dû aux transferts et contre transferts des interactions et des équilibres des corporalités dynamisées.
L’originalité de ce type de contact, c’est qu’il prépare la phase du mouvement et met le patient dans un état tonique adéquat. Avant de faciliter ou initier une phase de mouvement, la personne sent et comprend sensoriellement dans le contact l’intention du guide.
Le toucher Haptique est un outil incontournable dans une thérapie basée sur la pratique des Facilitations Neuro-Psychomotrice proprioceptives. Il intègre toute la sensorimotricité, il permet une rencontre de la corporalité, et une communication non verbale très efficace. L’approche diffère selon l’âge, et le niveau d’autonomie de l’enfant en voie de maturation neurologique. Ce média naturel apporte aux thérapeutes une autre dimension dans la prise en charge du patient.
De quel espace thérapeutique il s’agit ?
Dans cette espace, deux corporalités sont en relation très étroites où les équilibres réciproques sont en permanence sollicités. Le sens Haptique analyse l’action et permet une meilleure anticipation du thérapeute en permanence. Dans cette intersubjectivité, la perception Haptique transmet des informations réciproques sur le sens de l’effort.
Des processus très complexes sont impliqués ici, car ils doivent intégrer simultanément les informations cutanées, les informations proprioceptives et motrices liées aux mouvements d’exploration cutanées pour former un ensemble indissociable appelé perception haptique (réf : Turvey, 1994) Cette perception Haptique du toucher se distingue de la perception cutanée ou passive. La perception cutanée résulte de la stimulation d’une partie de la peau alors que le segment corporel qui la porte est totalement immobile.
Ce contact permet une écoute fine et sensible, il modifie le tonus relationnel. Dans cette attitude circule le mouvement affectif basé sur le transfert et contre transfert psychique et dynamique. La perception tactilo-kinesthésique ou active, que Revesz (1934, 1950) a désigné en psychologie comme « Haptique », résulte de la stimulation de la peau résultant des mouvements actifs d'exploration de la main entrant en contact avec des objets. C'est ce qui se produit quand, par exemple, la main et les doigts suivent le contour d'un objet pour en apprécier la forme.
Dans ce cas, s'ajoute nécessairement à la déformation mécanique de la peau celle des muscles, des articulations et des tendons qui résulte des mouvements d'exploration.
Arzouq Jamal.